Le renoncement aux soins prothétiques est souvent influencé par des facteurs économiques et psychologiques, notamment l’anxiété dentaire. L’expérience vécue des patients en prothèse, encore peu étudiée, nécessite une approche qualitative pour mieux comprendre les dimensions psychologiques, émotionnelles et sociales impliquées. L’objectif de cette étude est d’évaluer ce vécu afin d’améliorer les pratiques cliniques en prothèse.

La méthodologie choisie repose sur une approche qualitative, inspirée des travaux de Lebeaud et de la grille COREQ. Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de patients aux profils variés, jusqu’à saturation des données. L’analyse a été réalisée selon l’Analyse Interprétative Phénoménologique, permettant d’identifier des thèmes et super-thèmes reflétant les préoccupations exprimées.

Parmi les 14 patients approchés, 10 ont été inclus dans l’étude. Les résultats, présentés sous forme de carte heuristique, montrent que la prothèse est perçue de manière ambivalente : elle évoque à la fois le vieillissement et l’espoir d’un nouveau sourire. Cependant, son port génère souvent une gêne initiale (inconfort, mobilité), suivie d’une adaptation progressive.

Le processus de soins repose fortement sur la relation soignant-soigné, essentielle pour une bonne compréhension du traitement. L’empathie du praticien est un facteur clé. Les contraintes relevées concernent surtout le nombre et la durée des rendez-vous.

Enfin, l’accès aux soins reste un enjeu majeur. Le contexte hospitalier et universitaire influence l’organisation des traitements, notamment en matière de délais et de suivi.

Ces résultats font écho au modèle de Donabedian, articulé autour du triptyque : structure, processus, résultats. L’expérience prothétique est ainsi vécue comme une démarche globale mêlant esthétique, fonctionnel et relationnel.