Les pertes de substances mandibulaires d’origine carcinologique compromettent gravement la mastication, la phonation et la déglutition, altérant ainsi la qualité de vie. Les traitements reposent sur la chirurgie, la radiothérapie, et les reconstructions par lambeaux libres de fibula (LLF), mais ceux-ci s’accompagnent de séquelles importantes telles que l’hyposialie, la limitation de l’ouverture buccale ou l’ostéoradionécrose. La réhabilitation prothétique est souvent rendue difficile par une néo-anatomie défavorable et par les contre-indications implantaires au-delà de 40–50 Gy d’irradiation.

Nous présentons le cas d’une patiente de 72 ans, traitée pour un carcinome de la langue par chirurgie et radiothérapie (70 Gy), puis ayant nécessité un LLF suite à une ostéoradionécrose évolutive. La situation initiale était marquée par un édentement complet mandibulaire avec absence de vestibule, peu de reliefs exploitables, une dépressibilté importante secteur 4 et une absence de mobilité linguale.

La solution retenue a consisté en la pose de trois implants en secteur non irradié (secteur 4), suivie de la réalisation d’une prothèse amovible supra-implantaire stabilisée par une barre et contre-barre. Cette stratégie a permis d’obtenir une réhabilitation stable, fonctionnelle et esthétique.

La littérature rapporte un taux moyen de survie implantaire de 80 % dans les lambeaux osseux, malgré des complications fréquentes comme l’hyperplasie des tissus mous et les péri-implantites. Des techniques complémentaires (dégraissage, greffes épithélio-conjonctives) peuvent améliorer la stabilité péri-implantaire.

En conclusion, lorsque les conditions le permettent, la mise en place d’implants représente la clé d’une réhabilitation prothétique fonctionnelle et esthétique après reconstruction mandibulaire carcinologique avec une anatomie défavorable.